De Yahshua à Jésus : évolution d’un nom
par William Finck
Le but de cette discussion est de montrer comment le nom Jésus est apparu. Je ne vais certainement pas préconiser que l’on fasse appel à Yahshua Christ, le Rédempteur d’Israël, en utilisant le nom Jésus ; cependant il existe de sérieuses idées fausses concernant l’origine de ce nom et je vais en parler ici.
Pour simplifier la présentation, nous allons considérer comme acquis que les représentations correctes des noms de notre Dieu sont Yahweh et Yahshua, étant donné qu’ils sont la translittération directe de l’hébreu. Je connais, bien entendu, les énonciations masorétiques que l’on trouve dans le lexique hébreu de Strong (i.e. Yehowshua, voir #3091), cependant je les remettrai en cause. Car les noms commençant par yeho- dans l’Ancien Testament devinrent des noms commençant par ῾Ιω- (Iô-) dans la traduction de la Septuagint, et ce n’est pas le cas avec ce nom-ci. Pour obtenir plus d’informations sur ce sujet, lire le pamphlet récent du même auteur intitulé Which Is It, ``Lord'' or ``Yahweh''? De plus, je ne vais pas citer ici de longs passages des lexiques mais je serai concis et je ne ferai que les paraphraser lorsque ce sera nécessaire à mon illustration. Je citerai cependant toutes mes sources.
Beaucoup de personnes, dans l’Identité Chrétienne, prétendent que la corruption de Yahshua en Jésus a fait partie d’une conspiration, par une «église» mauvaise, pour remplacer Yahweh par le dieu grec Zeus. Ces gens proclament, pour supporter leur affirmation, que Jésus (jî-zeuss en anglais) et Zeus (en réalité prononcé zoûss, en anglais) sont des mots qui ont une prononciation semblable, alors qu’en fait ce n’est pas du tout le cas. Il n’existe aucune preuve que, dans les temps anciens, le premier s de Jésus fut jamais prononcé comme un z. En réalité, les Hébreux, les Grecs et les Romains avaient tous une lettre z à leur disposition et auraient pu facilement l’utiliser s’ils l’avaient désiré. De plus, le dieu suprême des Romains n’était pas appelé Zeus mais Jupiter (ou aussi Jove), et donc pour eux, toute connexion est improbable. Les Romains ont toujours préféré leurs propres noms pour les dieux, par rapport aux noms grecs (Mars pour Arès, Diane pour Artémis, Mercure pour Hermès, Junon pour Héra, et ainsi de suite), et ils auraient même été offensés d’être obligés d’utiliser une forme quelconque du nom de Zeus. J’espère démontrer dans ce papier comment le nom Jésus apparut réellement.
Sous l’entrée pour ῾Ιησοῦς (le nom grec d’où est dérivé Jésus), le Theological Dictionary of the New Testament, édité par Gerhard Friedrich (à partir d’ici : TDNT) explique que la forme hébreue ancienne Yahshua fut, après le retour de Babylone, écourté en Yashua. C’est le même nom que le Joshua de l’Ancien Testament. Dans la Septuagint grecque (LXX), un livre qui fut traduit de l’hébreu en grec bien longtemps avant que toute «église» organisée puisse concocter un complot quelconque, partout où le nom Joshua apparaît, nous trouvons une forme équivalente du grec, ῾Ιησοῦς. Pour ce qui est du s final ici (lettre qui, en grec, est écrite σ si elle n’est pas la dernière lettre du mot), TDNT déclare : «La LXX retint la dernière forme [Yashua ou Yeshua] et la rendit déclinable en ajoutant un ς nominatif».
Premièrement, le «ς nominatif» permet à quelqu’un écrivant en grec de décliner le nom ῾Ιησοῦς, ce qui signifie que le mot peut être représenté dans les divers cas du grec, i.e. ῾Ιησοῦς (nominatif), ῾Ιησοῦ (génitif), ῾Ιησοῖ ou encore ῾Ιησοῦ (datif) et ῾Ιησοῦν (accusatif). Les déclinaisons sont une part importante de la grammaire grecque qui ne sont pas utilisées pleinement en anglais (le ’s en est un exemple, qui représente en quelque sorte le cas génitif dans notre langue). Ajouter le s assiste donc grandement l’auteur en grec. Un exemple de nom indéclinable en grec est Δαυίδ (David), qui aurait pu être déclinable s’il avait été écrit Δαυιδός (Davidos), mais il ne l’a jamais été.
Deuxièmement, il est apparent que le son a final dans Yahshua fut également éliminé du grec, et donc ῾Ιησοῦς (yé-soûss) est réellement seulement équivalent à Yashu. Le seul endroit dans la LXX où le son final (la voyelle) fut retenu est le ῾Ιησουέ de 1 Chron. 7:27, bien que certaines versions de la LXX possèdent ce mot en d’autres endroits aussi. Dans la prononciation hébreue, qui n’a pas de vraie voyelle, le -ua à la fin de Yahshua vient de la ltettre ’Ayin, et en hébreu plus tardif (entre 600 et 900 après JC), des points furent ajoutés pour les voyelles, et ici le ’Ayin fut accompagné par des points de voyelles signifiant qu’il est suivi d’un son a. La lettre a n’existe pas réellement dans le nom.
Troisièmement, nous devons parler du h manquant. en grec, il n’existe pas de lettre équivalente à la lettre h. Le symbole H existe, mais représente la voyelle capitale eta, qui, en lettre minuscule, s’écrit η. Tandis qu’il existe un ch en grec (χ, chi), un th (θ, theta) et un ph (φ, phi), il n’existe pas de lettre pour le son sh. Bien que les Grecs aient eu un son aspirant (le son h) avant les mots commençant par une voyelle en utilisant le symbole (῾), qui dénote la présence du son, ou (᾿) qui dénote son absence, il n’y avait aucun moyen pour les grecs de placer un tel son au milieu d’un mot, puisqu’ils ne le firent jamais, sauf en une exception, qui est le son double r, qui est en dehors de notre discussion présente. Il n’y avait aucun moyen pour les Grecs de représenter le son sh dans leur écriture.
Cela ne représentait pas cependant un problème pour un homme parlant hébreu, puisque, comme nous pouvons le constater dans la section «Articulation Hébreue» du dictionnaire hébreu qui accompagne la Concordance Exhaustive de Strong, en hébreu, la même lettre représente à la fois le son s et le son sh. Cela n’aurait représenté aucune difficulté pour un lecteur Hébreu écrivant en grec de voir la lettre hébreue Siyn (ou Shiyn) et de la transcrire par un sigma grec (ς).
On comprend donc facilement que ῾Ιησοῦς est une translittération en grec du nom hébreu Yahshua une fois que les conventions des deux langages sont comprises. TDNT observe : «La preuve dans le NT est du même effet [que dans la LXX]. En Actes 7:45 et Hébreux 4:8, il y a une référence à ῾Ιησοῦς, i.e. Josué le fils de Nun».
Ayant maintenant établi que ῾Ιησοῦς est l’équivalent grec de la forme hébreue de Yahshua, et ayant suffisamment expliqué comment il peut en être ainsi, notre attention peut se tourner vers le grec, le latin et l’anglais.
L’eta grec (Η, η) est une voyelle difficile, car elle n’a aucun équivalent en latin ou en anglais. Bien que la majorité des érudits la représentent habituellement dans les translittérations de noms par un e (ou ê), certains la représentent plus souvent par un a. Des exemples du η changeant selon le langage sont évidents dans la Concordance de Strong, où le mot hébreu pour Mède est translittéré par Strong par Maday (hébreu #4075), et le mot grec, qui n’est pas différent dans le NT du grec classique, est Μῆδος (grec #3370), que Strong translittère Mēdŏs et prononce may’-dos. En Genèse 10:2, le mot hébreu en Strong #4074 a été rendu dans l’A.V. Madai. Nous n’avons donc pas besoin de regarder bien loin pour voir que le a et le e sont interchangeables avec la lettre grecque η.
La lettre i au commencement d’un mot, lorsqu’elle est suivie par une voyelle, James Strong la représente par un double e dans toutes les prononciations de son lexique grec. C’est correct, bien que dans des applications pratiques, le i devient équivalent à l’anglais parlé y dans ces circonstances, et c’est vrai pour le latin également ; ni le grec ni le latin ne possédant une lettre y telle que nous la connaissons. En grec, le symbole Υ représente l’upsilon en lettre capitale (υ en minuscule) et l’équivalent de notre propre u, bien qu’il soit translittéré le plus souvent par un y (par exemple les préfixes hyper- et hypo-). Dans le New College Latin & English Dictionary, par John C. Traupman, Ph. D. (TNCLED), il est expliqué qu’en latin, la lettre Υ fut «adoptée du grec dans l’alphabet latin pour la translittération de mots contenant un upsilon (pour lesquels u était utilisé auparavant), et était prononcée approximativement comme le germanique ü … mais son utilisation fut restrainte aux mots étrangers». Donc, tandis que l’hébreu avait un y, le yowd, ni le latin ni le grec ne possédaient d’équivalent exact, les deux utilisant un i dans des mots dans lesquels aujourd’hui, en anglais, nous utilisons un j, tels que Jérusalem, Joppa ou Jacob, tous pouvant être discernés à partir de la Concordance de Strong.
Lorsque l’élocuteur latin romain rencontrait le grec ῾Ιησοῦς, qui aurait été prononcé yé-soûss, ou, selon Strong, ee-yay-soos, il écrivait Iesus. Comme nous l’avons vu, le e est une bonne représentation du grec η. Si nous examinons le lexique grec de Strong et la section «Articulation Grecque» à son début, nous voyons que la diphtongue ou en grec est prononcée comme le ou dans le mot anglais through. Dans la section prononciation de TNCLED, en page 4, il n’y a pas de diphtongue ou en latin, bien qu’en latin le u est par lui-même capable de représenter le même son («ū u dans rude») que le grec ou, et donc le latin Iesus est une bonne représentation du grec ῾Ιησοῦς. En examinant de nouveau TNCLED, le i en latin serait traité de la même façon qu’en grec, «ī ee dans keen», ee comme le représente Strong, lorsqu’il commence un mot et est suivi par une autre voyelle.
Il faut noter ici que le guide de prononciation dans le TNCLED est divisé en deux sections, la «Méthode Classique» et la «Méthode Ecclésiastique» qui devint courante parmi le clergé dans la période médiévale. À la lettre s, sous «Méthode Classique», il est déclaré «toujours s comme dans sing», mais sous «Méthode Ecclésiastique», il est dit «s comme dans sing … mais lorsque se trouvant entre deux voyelles ou lorsque la lettre est finale et précédée par une consonne voisée : z comme dans dozen». Nous voyons donc que dans le latin de l’«église», Iesus commença à être prononcé yé-zoûss, mais il faut garder à l’esprit que ce changement affecta un grand nombre de mots latins et pas seulement ce mot-ci.
Ce qui nous laisse avec la lettre anglaise j. Selon le tableau intitulé «Développement de l’Alphabet», en page XXXIV de l’American Heritage College Dictionary, troisième édition (ci-après AH), le j apparaît dans l’écriture minuscule qui était prévalente entre 300 et 700 après JC et dans l’écriture carolingienne aux environs de 800 ap. JC, avec d’autres écritures plus tardives. Mais en ce qui concerne l’anglais, AH déclare que «L’alphabet anglais atteignit ses 26 lettres actuelles seulement après que les scribes médiévaux ajoutèrent le w (qui était auparavant écrit uu) et que les imprimeurs de la Renaissance séparèrent les paires variantes i/j et u/v». Nous voyons donc qu’en anglais, le j devint une lettre distincte seulement durant la Renaissance, qui débuta au 14e siècle, et que cette lettre était une variante de la lettre i.
Cependant, ce n’est pas parce que dans certaines écritures européennes nous avons un j en des temps anciens que cette lettre était alors prononcée de la même façon que nous la prononçons aujourd’hui, comme nous le faisons pour le g doux (i.e. gentle, germane) qui semble être venu du français (où il est représenté par un zh dans la prononciation des mots français apparaissant dans AH), bien que je n’aie pas fait de recherche exhaustive dans cette matière. L’espagnol prononce le j comme les anglais prononcent le h. Dans le guide de prononciation de TNCLED, en page 5, nous trouvons que le j du latin médiéval (et ecclésiastique, car AH atteste que la Rome Classique ne connaissait pas la lettre) était prononcé comme le y dans yes. L’allemand est encore plus proche de l’anglais, car en allemand le j est prononcé comme un y, et donc Jésus en allemand se prononce d’une manière très semblable au latin ou au grec.
En vérifiant dans l’AH la prononciation du nom propre du psychiatre suisse Carl Jung, nous trouvons young, et la cité suisse de Jungfrau se prononce young-frau. Un Junker, un membre de l’ancienne aristocratie prussienne, est un young-keur (dans ces trois cas, le ou se prononce comme le oo dans l’anglais took). Dans AH, l’oiseau appelé jaeger, d’après le terme allemand pour chasseur, est prononcé ya-gueur. Il est bien connu que le nom populaire Johann, notre John, est prononcé yo-hann. L’énonciation grecque est ῾Ιωάννες (Iôannes).
Au-delà du but de ce document, il suffit de dire que, en dépit de l’insistance arabe et juive du contraire, les Évangiles furent écrites originellement en grec. Bien qu’une forme d’hébreu (ou peut-être d’araméen) était parlée au premier siècle en Palestine, le grec était le langage commun même dans ces contrées, comme l’attestent les documents historiques et archéologiques. La preuve interne, à la fois textuelle et contextuelle, ne laisse aucun doute dans l’esprit du lecteur grec que les Évangiles étaient bien écrites dans ce langage. Et il est donc évident que ῾Ιησοῦς était le nom sous lequel Yahshua Christ était appelé et auquel il répondait durant son existence ici sur Terre.
Il est manifeste que Jésus, ou le latin Iesus, évolua naturellement à partir de ῾Ιησοῦς, après avoir souffert de plusieurs altérations incrémentielles dues aux changements de langues et de dialectes, et donc Jésus n’est pas un nom produit par une conspiration quelconque, bien que l’on doive garder à l’esprit que ῾Ιησοῦς, Iesus et Jésus étaient tous originellement prononcés yé-soûss (ou yé-soûsse), ou au moins quelque chose de similaire. En laissant tomber le s final, qui fut ajouté au bénéfice de la grammaire grecque (et plus tard latine), toutes ces versions peuvent être représentées par le simple Yésu, une forme connue des érudits de l’Identité au 19e siècle, mise en évidence dans les travaux de E.O. Gordon (Prehistoric London) et d’autres. Comme nous l’avons vu, Yésu n’est qu’une forme hellenisée de l’hébreu Yahshua, sans le a final.
Il semble évident que les Juifs contemporains préfèrent le nom Yeshua, et dans les temps récents, ce nom est devenu commun parmi eux, bien que TDNT déclare que «Avec le second siècle de notre ère, … ῾Ιησοῦς disparaît en tant que nom propre», ce nom semble avoir repris des couleurs depuis les fondations de l’état artificiel sioniste en Palestine. Je suis sûr de moi en affirmant que même dans l’Identité, un auteur qui utilise la forme Yeshua a été fortement influencé par la littérature juive, et on devrait considérer son travail dans ce contexte, car il pourrait bien être suspect. Les auteurs non-judaïsés de l’Identité Israélite utilisent généralement la forme Yahshua.
Bien que je ne puisse pas dénigrer les formes Jésus, Yesu etc., sachant comment ces formes apparurent, dans mes propres travaux, cependant, j’utilise la forme Yahshua, et je crois avoir de bonnes raisons de le faire. Premièrement, en anglais, il n’existe pas de limitation dans la prononciation ou l’énonciation comme cela était imposé dans le langage grec, ce qui rendit la forme Iesus nécessaire en premier lieu. Deuxièmement, la forme Yahshua est porteuse d’une signification absente dans Jésus, ses composants étant dérivés en partie des mots Yahweh (ce nom que les «Juifs» haïssent et évitent) et d’une forme d’un mot signifiant salut ou être sauvé. Le nom Yahshua porte donc une signification non-évidente dans les autres formes : Yahweh Sauveur, ou Yahweh Sauve, ce qui décrit le but même de Yahshua Christ en premier lieu, ainsi que Son essence profonde.
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