Il n’y a pas de pacifisme dans la Bible

par Bertrand L. Comparet

On rapporte qu’un Hindou a récemment entrepris de réprimander toutes les nations Chrétiennes, en demandant «Comment pouvez-vous réconcilier la doctrine de non-résistance de Jésus avec vos armements militaires et avec les guerres que vous livrez de temps en temps? Lequel d’entre vous retournera le bien pour le mal?». En parlant ainsi, l’Hindou pavoisait béatement devant ce qu’il pensait être une inconsistance entre notre religion et notre conduite nationale. Malheureusement, il existe même certains Chrétiens qui sont si ignorants de leur propre religion qu’il sont embarrassés par de telles accusations et pensent que nous devons être coupables d’inconsistance et même d’erreur. L’ignorance de l’Hindou peut être excusée, car il ne connaît rien de notre religion au-delà de quelques phrases citées hors-contexte ; mais il est temps que les Chrétiens apprennent ce qu’il en est vraiment de leur propre religion. Nous pourrions retourner à l’Hindou la question : comment peut-il réconcilier l’attaque agressive de son Premier Ministre Nehru contre la Goa portugaise, que le Portugal détient depuis l’année 1510 — comment peut-il réconcilier cette guerre agressive avec les nobles proclamations de Nehru sur sa dévotion à la paix — c’est-à-dire à toute situation dans laquelle la «paix» consiste à laisser les hommes Blancs dans l’esclavage.

Mais nous n’allons pas nous contenter de pointer les inconsistances dans l’attitude des Hindous. Je voudrais vous prouver aujourd’hui que notre propre conduite n’est pas inconsistante avec notre religion. En premier lieu, il est faux de parler de la «doctrine de non-résistance de Jésus». Dans Jean 2:13--16, le disciple aimé rapporte que le premier acte du ministère de Jésus Christ dans la ville de Jérusalem fut de fabriquer un fouet de cordes et de chasser les changeurs hors de la cour du Temple. Cela ressemble-t-il à de la non-résistance, à une soumission servile au triomphe du mal? Certainement pas! Ni en Matthieu 21:12--13, ou en Marc 11:15--17, où il est dit qu’Il répéta ce nettoyage du Temple des anti-Chrétiens mauvais qui l’infestaient, durant la dernière semaine avant Sa crucifixion. Jésus-Christ Lui-même ne toléra jamais le mal ni ne consentit à ce qu’il soit permis de le laisser triompher plutôt que de lui résister. C’est seulement dans Sa crucifixion qu’Il permit aux forces du mal de faire leurs œuvres, et ce n’était pas en suivant une quelconque doctrine de non-résistance au mal, mais seulement afin d’accomplir le but pour lequel Il était venu sous la forme d’un corps humain. Il vint ici dans le but explicite de rencontrer la mort afin de payer la pénalité pour nos péchés, pour nous sauver ; s’Il ne s’était pas soumis à la crucifixion, Son but de nous sauver n’aurait pu être accompli. C’est uniquement pour cette raison qu’Il se soumit, et pas parce qu’Il voulut jamais laisser triompher le mal sans lui résister.

Mais quelqu’un pourrait dire : «Qu’en est-il donc de Matthieu 5:38--39 : ‘‘Vous avez ouï qu’il a été dit : ’Œil pour œil, et dent pour dent’. Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal, mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre’’» ? Non, il n’y a pas d’inconsistance ici non plus. Ce conseil fut donné uniquement à des individus — et à des individus particuliers, en plus. Jésus prêchait pour apporter Sa vérité à tous ceux qui avaient les qualités pour Lui répondre et qui deviendraient Ses disciples : ceux-là seraient la première génération de Chrétiens dont les responsabilités, par dessus tout, seraient de répandre Sa parole sans être distraits par de stupides querelles avec d’autres gens.

Ils allaient devoir faire face au ridicule, au mépris et à la haine ; chaque jour, ils auraient droit à des provocations par des insultes et des blessures. S’ils se laissaient aller à une colère naturelle, ils se retrouveraient dans des querelles et des rixes constantes ; ils seraient constamment arrêtés et mis en prison, non comme de nobles martyres dédiés à une grande cause, mais comme bagarreurs se battant constamment dans les rues à propos de querelles personnelles — ce qui ne constituerait pas une très bonne recommandation pour la nouvelle religion du Christianisme. Même s’ils ne se battaient pas mais faisaient appel à la loi pour défendre leurs droits, ils passeraient tout leur temps et leur énergie dans des procès plutôt que dans leur travail missionnaire. Ce n’était pas le devoir des premiers Chrétiens. Mais il est parfaitement clair qu’ils ne devaient pas platement se laisser assassiner par des bandits : en Luc 22:36, le Christ dit à Ses disciples que celui qui n’avait pas d’épée devrait vendre son vêtement et en acheter une.

Tellement de doctrines erronées proviennent du fait de prendre hors-contexte des paroles qui concernent une certaine époque et un certain lieu, et d’essayer de les appliquer universellement, d’en faire des règles éternelles. En Matthieu 14:19 et Marc 6:39, lorsque Jésus Christ allait nourrir la foule de quelques pains et poissons, nous lisons que «Il donna l’ordre aux foules de s’asseoir sur l’herbe». Cela ne signifie certainement pas qu’il est du devoir de tout Chrétien de parcourir le monde et d’ordonner aux gens de s’asseoir sur l’herbe : ces paroles furent dites uniquement dans des circonstances particulières, à une époque particulière et en un lieu particulier, et personne ne devrait essayer d’en faire une doctrine. Il en est de même des instructions de Jésus Christ aux premiers Chrétiens de s’en tenir à leur travail pour lequel ils furent choisis et de ne pas perdre leur temps en querelles vaines avec les méchants. Mais n’allez pas croire un seul instant que si vous voyez un bandit essayer de violer votre épouse ou votre fille, vous devez simplement rester là en murmurant des platitudes pieuses sur la désirabilité de bonnes conduites. Votre devoir — et je dis bien votre devoir — en tant que bon Chrétien est de le stopper, et si vous devez le tuer, faites-le.

Voilà ce qu’il en est en ce qui concerne l’individu. Mais cet Hindou essayait de placer les nations Chrétiennes (pas l’Inde de Nehru, ni la Chine) sous des restrictions individuelles. Dieu a toujours fait la distinction entre les règles pour les individus et les règles nationales. C’est particulièrement vrai des Lois de la Guerre. C’est seulement lorsque nous avons été coupables de mauvaises conduites et de déloyauté envers notre Dieu qu’Il a permis à des nations mauvaises de nous opprimer, jusqu’à ce que nous nous repentions de nos mauvaises voies ; Il nous a alors utilisés comme Ses propres serviteurs et agents pour faire la guerre contre ces nations mauvaises. Il commença notre apprentissage très tôt : quand nos ancêtres sortirent d’Égypte dans l’Exode, ils furent attaqués par les Amalékites. Pour cette raison, Dieu dit qu’Il ferait la guerre à Amalek de génération en génération, jusqu’à ce qu’Il ait entièrement effacé tout souvenir d’Amalek de sous le ciel ; et Il commanda à Son peuple d’Israël d’accomplir ce devoir, comme nous pouvons le lire en Exode 17:14--16 et Deutéronome 25:17--19. Mais c’était seulement le début : en Jérémie 51:20, Dieu Lui-même dit à nos ancêtres, ainsi qu’à nous, leurs descendants, «Tu es mon marteau, mes armes de guerre ; et par toi je briserai les nations, et par toi je détruirai les royaumes». Y a-t-il quoi que ce soit de pacifique la-dedans? On ne doit pas permettre au mal de régner sur la Terre et de triompher. À ceux qui sont bons, vous pouvez parler un langage qu’ils comprennent, le langage de la paix et de la raison. Mais à ceux qui sont entièrement mauvais, vous devez aussi leur parler dans le seul langage qu’ils comprennent. La Russie et la Chine ne peuvent pas comprendre des platitudes ; ils ne peuvent comprendre que la force supérieure.

Encore une fois, nous lisons dans le 7e chapitre des Juges comment Dieu envoya Gédéon, avec seulement 300 hommes, pour délivrer Israël de la gigantesque armée de Madian, et il défit les Madianites par le massacre de 120.000 hommes. On nous dit clairement que ce fut par «l’épée de Yahweh et de Gédéon».

Ne vous laissez pas abuser non plus par quelqu’un citant «celui qui vit par l’épée périra par l’épée». Notez que ceci parle de deux épées : l’épée de l’agresseur, qui périra par l’épée du défenseur. [A]  [A] En réalité, ce passage ne dit pas cela. Il dit : «Si quelqu’un doit aller en captivité, il ira en captivité ; si quelqu’un doit être tué par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la patience et la foi des saints» (N.D.T.)

Afin que personne ne puisse prétendre que ce n’était qu’une caractéristique des hommes anciens, une relique du passé, et que nous devons regarder vers l’avant, vers un caractère plus noble devant être atteint dans le futur, examinons le Livre de la Révélation, dans sa description de Jésus Christ, lorsqu’Il revient pour régner sur le monde entier en tant que Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs. En Révélation 19:11, il est dit de Jésus Christ que : «Il juge et combat en justice». Jésus Christ Lui-même reconnaît qu’il ne pourra jamais y avoir de «coexistence pacifique» entre le bien et le mal : l’un doit certainement conquérir, l’autre doit certainement périr ; si le bien n’a pas le courage et la volonté d’être le conquérant, alors le mal régnera suprême. Aussi longtemps que le mal existe, il y aura des guerres : les guerres d’agression du mal contre le bien, jusqu’à ce que le bien conquière et extermine le mal ; et cette ultime guerre pour effacer totalement le mal sera conduite par un général qui ne sera personne d’autre que notre Rédempteur, Jésus Christ. Lorsqu’Il viendra, laissez-Le vous trouver, non pas caché sous le lit dans une terreur abjecte, mais marchant résolument dans les rangs de Son armée.